Rome 2012 : Mon record personnel explosé de 10 minutes

Marathon Rome 2012

08h50, un petit frisson dans le dos, peut-être l’ombre du Colisée dans mon dos. Devant moi, 10.000 coureurs qui trépignent, et la via Fori  Imperiali  qui se dresse avec arrogance.

Mon 5ème marathon, et je suis serein et apaisé. Pourtant, pas un des précédents ne s’est passé sans douleurs; le premier, où partant sur les bons conseils piochés sur le net, j’avais élaboré une stratégie infaillible qui m’a explosé les cuisses dès le 25eme km !, le deuxième, où  fort des fameux plans d’entrainements de XXXX XXXX, j’avais du improviser, puis paniquer en raison d’une grippe au plein milieu de la préparation.

Non, ce matin je suis serein, car je suis moins seul. Certes, ce sont mes jambes et mon corps qui vont courir, mais j’ai un coach. L’idée me paraissait saugrenue, prétentieuse au début, mais elle s’est imposée petit à petit. Olivier m’a enlevé un fardeau, pris en compte mes envies, mes disponibilités, pour m’emmener sur des chemins où seul, je ne me serais jamais aventuré. J’ai progressé, c’est indéniable, mais surtout je me suis rassuré, zen comme un bonze au milieu du temple.

La musique est plus forte, les coureurs autour de moi piaffent d’impatience, et c’est enfin le départ, la foule des marathoniens s’élance, s’ébroue le long du Circo Massimo. Mes puls ne sont pas bons, trop hauts, je dois ralentir !!! Mais fort des conseils d’Olivier, je ne panique pas, tant pis, on reste au-dessus des 5mn/km, je me calme, pas question de me griller comme tant de fois auparavant.

Je lève le nez, musarde, m’ébahis devant la pyramide Cestia. Comme elle, avec le coach, on a bâti sur des fondements solides, laissé sécher les fondations, pour construire pas à pas les étages supérieurs.

Au 10eme KM, devant les eaux paresseuses du Tibre, mes puls se sont calmés. Un petit sursaut aux applaudissements de ma femme, et je remets le nez dans le guidon avec délectation. J’ai refais mon retard minutieusement, devant moi le castel  Sant’Angelo à l’air de ma barrer la route, je le contourne humblement, la course emprunte la via Crescenzio pour déboucher sur la Basilique Saint-Pierre, qui majestueuse nous force à lever les yeux : un peu de courage supplémentaire, un souffle divin qui nous pousse, même un athée forcené comme moi !!!

Le semi vient vite, 1h43, mon rêve de 3h25 parait faisable, je vais de mieux en mieux, je repense à ces sorties bi-quotidiennes du vendredi qui me laissaient épuisé devant le week-end. Et Olivier qui me disait de pousser encore un peu plus… Là au 25eme, je sens le bienfait de mes semaines « volume »,  quand j’accélère devant le stade olympique, avec une pensée pour Abebe Bikila qui avait gagné les JO de Rome pieds nus. Je vois aussi le pourquoi des semaines « rythme », quand je relance au 30ème devant une cote récalcitrante, avec déjà des coureurs qui marchent en nombre.

Mais voilà, la nature est ainsi faite, qu’elle vous rappelle à certaines obligations, en l’occurrence une forte envie qui en raison d’une pudeur exacerbée va me couter une bonne minute et mes rêves de 3h25. La course emprunte maintenant le vieux Rome et ses rue escarpées, pavées de mauvaises intentions. Les foulées sont plus hésitantes, les pieds dérapent sur ce sol traitre, les relances sont moins franches, même si les encouragements des spectateurs de la Plazza Populo me redonnent un regain d’énergie.

On passe devant la fontaine de Trevie, pas le temps de jeter ma pièce et de formuler un quelconque vœu, non je remets une couche sous les derniers encouragements de ma femme qui m’avait presque oublié, à se languir sur les terrasses de la place d’Espagne !!

Le dernier kilomètre arrive, devant moi, à nouveau le Colisée qui m’a l’air d’un vieil ami que l’on revoit avec plaisir. Je savoure, mon marathon a été un vrai plaisir, je n’ai jamais été aussi régulier sur une course.

Un peu de vent, de sable sur le bout de lèvres, je repense à Olivier et ses cônes rouges et bleus qui présageaient des accélérations  à répétitions, mes cuisses brulent et je sens les meneurs de 3H30 avec leurs ballons verts dans mon dos. Allez, on se fait le dernier kilomètre comme s’il était jonché de ces cônes maudits, tout en accélérations, avec au bout 3h28 et mon record personnel explosé de 10 minutes…

Le soleil tape fort, j’ai ma médaille au cou, un plaisir simple et profond, l’envie de recommencer, d’aller encore plus loin, mais pas avant une bonne glace Piazza Navonne !

Mon portable bipe, un sms inquiet du coach, qui se demande si tout s’est bien passé… Mais pourquoi tant de craintes ? J’en souris encore.

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