Eric Weinbrenner

Le championnat du Monde vétéran en Italie a vu les Français rafler plusieurs médailles. C’est sous des trombes d’eau que les bleus se sont élancés sur le marathon. Récit de course par Eric Weinbrenner…

Le moral n’était pas au beau fixe dimanche matin. Je n’aime pas trop rouler sous la pluie, mais je suis là, affûté, vu mes chronos à l’entraînement de mercredi soir, prêt à faire la course pour une médaille. Il pleut. Il pleut et il fait 6°C. Je suis frigorifié. Je roulerai la moitié de la course avec un gilet sans manche. J’ai trop froid.

Dès le départ, Philippe Poirier prend la tête pendant les premiers kilomètres, pas trop vite, on s’échauffe. Moi, j’essaie plutôt de me réchauffer… il y a l’Américain Norman Kirby, les Canadiens, les Autrichiens, les Allemands, les Suisses, les Italiens et les Français.

On va s’observer quelques tours, prendre nos repères car le parcours est piègeux : il tourne beaucoup, à droite et à gauche, avec de nombreuses flaques d’eau et des bandes blanches glissantes, il faut rester très vigilant.

Mauro Guenci, le champion du monde en titre, lance la première attaque de la course afin de jauger ses adversaires, les 3 premiers tours sont relativement tranquilles, c’est lors du 4ème, 5ème et 6ème tours que cela va attaquer fort. Les Allemands avec Hupe Dirk, les Autrichiens, les Suisses et les Français avec Fred Bugli, et Benoît Thibaut. Chaque nation s’y colle sauf les Italiens.

Après ces banderilles, je ne me rappelle plus si la course a été dure, mais nous sommes encore 20 patineurs pour 3 places. A 3 tours de l’arrivée, je m’échappe car je veux tester le dernier virage à pleine vitesse, les médailles vont se jouer là.

Ce virage est précédé de « la bosse à Benoît », un virage à droite puis une longue ligne droite cabossée très large, d’environ 600 m, il y a deux dos d’âne, puis une très légère descente de 30 m avec un rétrécissement dangereux en bas où il faut « poser » les patins en aveugle au centimètre prêt car il y a des plaques d’égouts à droite à gauche. Tout de suite derrière, le dernier virage, à droite, avec à l’entrée un passage piéton glissant… l’entrée de la ligne droite commence par une grille sur toute la largeur de la route, avec un plot de signalisation au milieu car il y a un trou, de grosses flaques d’eau ! Puis il ne reste que 50 m avant la ligne d’arrivée.
Nous ne nous sommes pas concertés avant le départ, pas de consignes, pas de tactiques, pas de leader… il y a une petite bosse à environ 800 mètres de l’arrivée, c’est là que Benoît Thibaut va effectuer son travail de « sape » en attaquant presque à tous les tours, Fred Bugli ira souvent chercher les attaques adverses. Philippe, Fred et moi observont, « bouchonnont » parfois pour faire réagir les Italiens quand Benoît attaque.

C’est toujours le même italien qui fait le boulot, Patrizio Guilioni, le futur Champion du monde, flanqué de Mauro Guenci et Sandro Cipriani à ses fesses en permanence. Nous avons perdu en route, sur chute, le très sympathique champion d’Europe Master 2010 Michelle Cicognani.
Jusqu’à la mi-course, je ne vois pas Stéphane Pujos, je me demande même s’il a chuté. Mais il est bien là, c’est lui qui va finir le travail. Il se sacrifie dans les deux derniers tours en menant à un bon train afin d’éviter à nos adversaires de récupérer avant l’emballage final.

Dans le dernier tour, cela se tasse au pied de la dernière bosse. Nous sommes à 4 de front. Une fois de plus, Thibaut démarre par la gauche suivit de Philippe, je suis derrière les 3 italiens, c’était mon choix tactique pour la fin de course, suivre les Italiens. On y va par la droite, le virage comme l’entame de la ligne droite se fait à vive allure, je suis 6ème, mais Benoît ralenti un peu, il pense que nous sommes encore loin de la ligne, il veut temporiser (dixit après l’arrivée « dommage j’avais encore du jus ») c’est à ce moment que les Italiens attaquent, je suis calé en 4ème position, je double Philippe et Benoît, je pense que l’italien est parti trop tôt et qu’il va se faire déboîter par ses compatriotes, je trouve le temps long, j’hésite à sortir, je me dis « non ils vont faire 1,2,3, pas possible », après le deuxième dos d’âne je déboîte à mon tour, je passe Mauro facilement avant la descente, je me dis « médaille », dans le dernier virage je colle Sandro, il glisse, moi aussi mais je le passe, je suis gêné par un attardé de la catégorie 50-60 ans (le plus grand sur les photo 4112, c’est un Allemand, un ami à moi, rires) ,il est sur ma trajectoire, je dois rester derrière Patrizio, attendre que nous le doublions pour déboîter, c’est court mais je reviens comme une

balle, trop tard, il gagne d’un patin ! Heureux et déçu à la fois, passer si prêt du titre mais je sais que j’aurais pu passer aussi facilement à coté du podium, je me retourne, Philippe est là il me demande immédiatement ma place, « 2″, il me dit « moi 3″, explosion de joie, on se congratule !
Fred, Benoît, Stéphane arrivent ça va mieux, je n’avais jamais couru en équipe ainsi, on n’avait jamais fait ça pour moi, je suis très reconnaissant et fier d’être en équipe de France, c’est une médaille collective et je ne pourrai jamais assez remercier mes potes…
Après le podium c’est le moment de se dire au revoir, je remercie encore Stéphane qui me dit « avec plaisir » ça me va droit au coeur.

Merci à mes potes d’entraînements Strasbourgeois, Eric Legal (Mr EO skate), et Xavier Breitwiller, à Olivier Comau notre préparateur physique, à Karine »

Source : http://www.rollerenligne.com/fr/

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